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Page:Krudener - Valerie.djvu/37

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puis le dire avec vérité, loin d’embellir le caractère de Gustave, je n’ai peut-être pas montré toutes ses vertus ; je craignois de faire trouver invraisemblable ce qui pourtant n’étoit que vrai. J’ai tâché d’imiter la langue simple et passionnée de Gustave. Si j’avois réussi, je ne douterois pas de l’impression que je pourrois produire : car, au milieu des plaisirs et de la dissipation qui absorbent la vie, les accens qui nous rendent quelque chose de notre jeunesse ou de nos souvenirs ne nous sont pas indifférens, et nous aimons à être ramenés dans des émotions qui valent mieux que ce que le monde peut nous offrir.

J’ai senti d’avance tous les reproches qu’on pourroit faire à cet ouvrage. Une passion qui n’est point partagée intéresse rarement : il n’y a pas d’événemens qui fassent ressortir les situations ; les caractères n’offrent point de contrastes frappans ; tout est renfermé dans un seul développement, un amour ardent et combattu dans le cœur d’un jeune homme. De là ces répétitions continuelles : car les fortes passions, on le sait bien, ne peuvent être distraites et reviennent toujours sur elles-mêmes ; de là ces tableaux peut-être trop souvent tirés de la nature. Le solitaire Gustave, étranger au monde, a besoin de con-