Aller au contenu

Page:Krudener - Valerie.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’ai osé élever la voix, tant je pensois qu’elle devoit être troublée ; je suis entré dans la chambre de Valérie ; elle étoit devant une glace ; mais, étant encore trop agité, je ne voyois pas ce qu’elle faisoit. Cependant je me réjouissois de la voir levée, j’approchois, je la trouvois fort rouge. « Êtes-vous malade, Madame la comtesse ? dis-je avec une espèce d’inquiétude et de gravité. — Non, Monsieur de Linar », me dit-elle du même ton. Et elle se mit à rire. Elle ajouta : « Vous me trouvez très rouge, c’est que j’ai pris une leçon de danse. — Une leçon de danse ! m’écriai-je. — Oui, me dit-elle encore en riant ; me trouvez-vous trop vieille pour danser ? Au moins vous ne me défendez pas l’exercice. » Et elle rioit toujours ; elle a levé les bras un moment après pour descendre un rideau, et tout à coup elle a jeté un cri, en mettant sa main sur le côté. « Valérie, me suis-je écrié, vous me ferez mourir ; vous nous ferez tous mourir, ai-je ajouté, avec votre légèreté. Pouvez-vous vous exposer ainsi ! vous vous ferez mal. » Elle m’a regardé avec étonnement, elle a rougi. « Pardon, Madame, ai-je ajouté, pardonnez à l’intérêt le plus vif… » Je me suis arrêté. « N’oserai-je donc plus sauter, lever les bras ? — Oui, ai-je dit timidement, mais actuellement… » Elle m’a compris ; elle a rougi encore, et est sortie. Quand le comte est venu, elle l’a tiré à l’écart et l’a grondé.

Deux jours après, Valérie sortit pour voir une