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l’orchestre


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En somme, nous en revenons toujours au principe énoncé au début de cette étude. Accentuer comme il convient chaque phrase isolée, donner le relief nécessaire à l’idée qui doit être portée plus en dehors, sur laquelle repose l’accent dans l’ensemble de la composition ; telle est la tâche la plus délicate du chef d’orchestre. C’est par la justesse du coup d’œil à cet égard que se révèlera en lui l’artiste, comme le talent du chanteur ou du comédien se reconnaît au don particulier de dire juste. Car c’est un don, c’est un instinct : le sens inné de la musique et de ses combinaisons qui fait le bon chef d’orchestre. Et toute l’habileté acquise par l’expérience n’y peut suppléer. On ne naît pas chef d’orchestre, il est vrai, mais on le devient encore moins, si l’on n’est pas né musicien.

Surtout depuis que la musique, arrivée à l’apogée de sa puissance expressive, a si extraordinairement développé ses combinaisons orchestrales, il ne suffit plus d’apporter dans l’art de diriger l’érudition facile et les petites habiletés qui faisaient autrefois la réputation