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l’orchestre

Les accents juste et l’accent juste ; tout est là.

À cet égard la musique a des lois aussi nécessaires que le langage. Dans celui-ci, le caractère, la force expressive d’une phrase dépend de l’accentuation alternativement renforcée ou atténuée des syllabes et des mots, selon la logique de l’idée ou du sentiment exprimés. De même, dans la musique, les nuances infiniment subtiles dont l’exécutant peut entourer l’émission du son d’abord, et varier ensuite celle des différents groupes de sons successifs qui constituent la mélodie, sont par leur emploi logiquement alterné et gradué l’élément principal de l’expression musicale.

Indépendamment de ces flexions propres à chaque mélodie et qui dépendent à la fois de la personnalité de l’auteur, des procédés en usage à l’époque où il vécut, des particularités rythmiques de la musique nationale dont, inconsciemment, il subit l’influence, il y a encore, dans un sens plus large, des accents qui remplissent au regard de l’ensemble de la composition le même rôle que les accents proprement dits jouent dans l’expression de chaque mélodie prise séparément. C’est un point que M. Deldevez met fort judicieusement en lumière dans son traité de l’Art du chef d’orchestre, en commentant précisément les observations de Wagner sur cette matière :

À l’exécution, dit-il, les auteurs demandent quelquefois de porter certains passages, certaines parties plus en dehors que d’autres malgré l’indication générale qu’ils ont employée et l’exactitude apportée par les exécutants. Ce moyen tout naturel en soi et à l’aide duquel le relief pour ainsi dire est donné à chaque point important, est comme la pierre de touche à laquelle on soumet toute idée et qui en détermine la valeur.

Pour reconnaître les mélodies sur lesquelles doit por-