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tions que M. Richter leur fit aux répétitions furent peu importantes. Il demande seulement aux cuivres de bien soutenir le son dans le thème de la marche, en évitant toute brutalité dans l’attaque de la fanfare ; aux cordes et aux instruments à vent de bien adoucir leur chant, chaque fois que reparaît l’élément lyrique : « Vous jouez les amoureux », leur disait-il ; enfin dans le scherzando, à insister sur l’exécution ferme et très précise du staccato. Rien de plus. Au Concert le morceau alla d’une façon splendide et fut longuement acclamé, comme il l’est du reste chaque fois que M. Joseph Dupont le dirige.

Tout ceci prouve que pour obtenir une belle exécution, il ne suffit pas que le chef seul connaisse les intentions de l’auteur ; il est utile que tous les artistes de l’orchestre aient des clartés sur la donnée poétique de l’œuvre et qu’ils sachent à quoi se rapporte ce qu’ils ont à exécuter. Cela est si vrai que du jour où ils avaient pu voir et entendre les Maîtres Chanteurs à la scène, et se rendre compte du sens des principaux thèmes, les exécutants de l’orchestre bruxellois rencontrèrent sans hésitation l’accent juste et M. Joseph Dupont, pas plus que M. Richter après lui, n’eurent de grande difficulté, l’interprétation expressive des thèmes étant bien fixée maintenant, pour fondre l’ensemble en un tout harmonieux et intelligible. La clarté s’était faite toute seule, là où régnait il y a dix ans le chaos.