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l’orchestre


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Le prélude de Tristan et Iseult est d’un composition moins touffue et il n’a pas d’ailleurs le même développement que le prélude des Maîtres Chanteurs. Il n’en est pas moins d’une exécution extrêmement difficile au point de vue de l’expression.

C’est un morceau très lent, très large, mais très intense qui, commencé au pianissimo, s’élève et s’anime peu à peu jusqu’au fortissimo le plus passionné pour retomber finalement à la nuance de son point de départ.

Il est bâti tout entier sur quatre thèmes dont les développements et les combinaisons sont inintelligibles si l’exécution n’est pas extrêmement nuancée. Il faut croire que Wagner lui-même, en 1861, à Paris, n’était point parvenu à obtenir de son orchestre cette exécution très nuancée puisque le prélude ne fut pas compris même par Berlioz.

Dans son compte rendu des Concerts de Wagner à l’ancien Théâtre-Lyrique[1], Berlioz affirme n’avoir entendu qu’un seul thème « sorte de gémissement chro-

  1. À travers chants : Concerts de Richard Wagner.