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l’orchestre

est la mélodie que les chevaliers du Graal chantent pendant le festin mystique de la Pâque à la fin du premier acte, dans la grande scène du temple.

C’est donc un thème essentiellement religieux qui doit être dit avec beaucoup de noblesse et d’onction.

Le mouvement indiqué par Wagner est très lent, sehr langsam. Si mes souvenirs sont exacts, M. Richter battait le 4/4, comme un 8/8, c’est-à-dire qu’il indiquait deux temps très modérés de la valeur d’une croche par chaque noire du 4/4. Ceci donne une idée de la largeur de son mouvement. Partout, sauf à Bayreuth, j’ai toujours entendu ce thème beaucoup plus vite. Je n’hésite pas à préférer l’extrême lenteur du mouvement de M. Richter, non seulement parce qu’elle est bien dans les traditions et les idées de Wagner, mais encore parce que la phrase, ainsi exposée, se développe avec une ampleur magnifique et qu’il est possible alors d’obtenir une gradation très pathétique du pianissimo initial au forte qui marque le point culminant de la mélodie, ainsi que le diminuendo de plus en plus douloureux et alangui qui se produit sur la chute.

L’important est que cette gradation et la diminution qui suit, surtout l’accent (forte) marqué sur le sol, soient bien rendues par les instruments à vent quand ils reprennent le thème sur l’accompagnement arpégié des cordes.

Quant à cet accompagnement, il doit être très velouté, très lié, avec un léger accent d’appui à la note fondamentale de chaque arpège. À la conclusion des deux premières périodes le pianissimo des instrument à vent, sur les accords brisés de la et d’ut, surtout dans les flûtes ne peut être assez doux.