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l’art de diriger

d’expression, aux parties d’accompagnement assez de réserve dans le tremolando pianissimo. Il faudra veiller surtout que les roulements de timbales soient délicatement exécutés : ce doit être un imperceptible murmure dans les mystérieuses profondeurs de l’orchestre.

Le prélude atteint ainsi son point culminant, avec la reprise par tout l’orchestre des deux dernières mesures du premier thème répétées deux fois de suite, puis une troisième fois encore avec une appogiature :


\language "italiano"
melody = \relative do'' {
  \clef treble
  \key lab \major
  \time 4/4
  \override Staff.TimeSignature.transparent = ##t
    r8 lab-^ sib-^ do-^ reb4.-^ do8-> | 
    do->\( si~ si16 si do32 si lad si\) re8[ do sib8. la16] |
    la8[ sib]
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0.0\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
    \set fontSize = #-1
  }
}
\header { tagline = ##f}
  etc.

Sur ce dessin le mouvement doit s’élargir de nouveau (Etwas gedehnt), pour ramener dans le mouvement primitif le thème du début qui va se perdre, en diminuant, jusqu’à la fin du prélude.

Sur les premières notes de cette phrase on ne peut assez forcer l’expression. C’est le cri d’angoisse du vieux roi Amfortas blessé par la lance de Klingsor ; les trois notes marquées doivent être extrêmement incisives, la fin de la phrase, après l’appogiature, au contraire toute languissante et éplorée. C’est l’accent le plus pathétique de tout le prélude. Il va ensuite en s’atténuant sur des dessins du même thème qui s’exhalent brisé et plus lents comme les soupirs du roi agonisant épuisé par la souffrance.

Quand le thème de la Pâque, le thème de l’aimante compassion reparaît alors, répété d’octave en octave, il a vraiment le caractère que lui assigne Wagner dans son commentaire. C’est une supplication, une prière, une interrogation inquiète et confiante aussi : « Pouvons-nous espérer ? ».