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l’art de diriger

entendit retentir pour la première fois du haut de la roche où s’assemblent les vierges farouches de la bataille.

C’est sur ces trois thèmes diversement instrumentés et combinés qu’est bâtie toute la Chevauchée, et il va de soi qu’à l’exécution ils doivent demeurer constamment au premier plan. Les traits qui s’enroulent et courent autour d’eux ne sont que l’accessoire, qu’on le remarque bien ; ils ne doivent par conséquent jamais dominer.

C’est ainsi que le trait persistant des violons, d’abord en mineur puis en majeur (le morceau débute en si mineur et se développe ensuite en si majeur) finit par énerver l’auditeur si on lui donne trop d’importance. À ce propos une observation très importante de M. Richter m’a frappé. L’illustre chef d’orchestre qui eut on le sait l’honneur insigne et la gloire de diriger la première exécution de l’Anneau du Nibelung à Bayreuth en 1876, dès qu’il eut entendu les violons bruxellois exécuter ce trait en virtuoses, avec éclat, les pria d’y mettre plus de modération, et surtout de marquer, non pas la note supérieure de l’arpège descendant, mais la note inférieure, de la façon que voici :


\language "italiano"
melody = \relative do''' {
  \clef treble
  \key si \major
  \time 9/8
  \override Staff.TimeSignature.transparent = ##t
  \override TupletBracket.bracket-visibility = ##f
  \tupletUp \tuplet 5/4 { fad16[\( red si fad red } si8]->\)
  \tuplet 5/4 { si'16[\( fad red si fad } red8]\)->
  \stemDown fad'16[\( red si fad red8]\)-> |
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0.0\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
    \set fontSize = #-1
  }
}
\header { tagline = ##f}

Non seulement le trait devient moins strident, et il est d’une exécution plus aisée ; mais encore c’est seulement en l’exécutant de la sorte qu’on lui donne son véritable sens. Ces arpèges descendants ne sont autre chose en effet, qu’une décomposition d’accords brisés descendants du ton de si (majeur ou mineur, selon le cas). Or, comme