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Page:Kuhff - Les Enfantines du bon pays de France, 1878.djvu/8

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c’est, il faut le dire aussi, qu’il n’est point de pays où l’École ait dû compter plus sérieusement avec une tradition antérieure aux créations spontanées du génie national, et où les études latines aient produit plus de chefs-d’œuvre. Nous nous rappellerons surtout qu’elles nous ont livré cet admirable instrument, la prose française, à qui la langue a dû pendant des siècles sa suprématie en Europe, à qui la France doit d’être devenue l’apôtre et l’initiatrice du progrès. Mais n’est-il pas temps de nous souvenir que, si le climat de la France réunit les productions du Nord et du Midi, de même le génie de la nation doit unir à la tradition latine et gauloise le sentiment français, c’est-à-dire d’un peuple moderne ; que dans ce domaine de la littérature comme dans tous les autres, rien n’est vivace que ce qui pousse en pleine terre, et que là surtout, sur ce sol national de la tradition, c’est le fonds qui manque le moins ?

On disait, on a répété pendant deux cents ans : « La France n’a point le génie épique », et voilà que la science nous rend l’une après l’autre ces chansons de geste, au nombre de près de deux cents, qui comptent parfois jusqu’à vingt et trente mille vers, qui ont été chantées, traduites, imitées par toutes les nations de l’Europe, et