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Page:L'Écho des jeunes, Novembre 1891.djvu/13

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L’ÉCHO DES JEUNES


Avec une grâce enfantine
Tu riais de mes pleurs flatteurs ;
Ta bouche se faisait mutine
Et tes grands yeux consolateurs, —
Mais tes splendides beautés nues
Se miraient dans mes yeux, les leurs !
Où couvaient de sombres douleurs
Que tu n’as jamais reconnues.

Las ! je sentais sombrer ma force en l’océan
Des passions que tes baisers m’ont fait connaître,
Et je te maudissais, de voir mon cœur géant
Suivre tes moindres pas, ainsi qu’un chien son maître.

Et je te maudissais, et meurtrissais ta chair,
Ta chair de femme, en des étreintes furieuses,
Parce que ta froideur me la vendait si cher
Que je l’eusse livrée aux tombes envieuses.

Mais sans te soucier de tes regrets futurs,
Très simplement, ainsi qu’au jour de ta venue,
Tes pas se sont perdus dans les chemins obscurs
Où jadis tu marchais vers ta mort inconnue !

L’ordre de t’en aller que je t’ai dit ce soir,
Tu ne l’as pas compris, puisque tu es partie !
Tu ne sauras jamais que j’ai voulu m’asseoir
Sur le seuil de notre maison anéantie.

Et que là j’ai crié l’appel désespéré
D’un cœur à jamais clos aux chères aventures,
Et qui prélude à l’opprimant miséréré
De noires et peut-être éternelles tortures !


Fernand Clerget.