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LA FILLE

— Et moi aussi, dit Maurice, je veux apprendre de vous à goûter la joie de l’honnête homme.

Helmina n’avait pu résister à cette scène si délicieuse et si touchante, à laquelle son cœur était encore tout à fait inaccoutumé ; elle s’était évanouie sur le sein de son père. Tandis que tout le monde s’empressait tumultueusement autour d’elle, maître Jacques ouvrit une fenêtre qui donnait dans la cour et s’évada sans que personne y prit garde. Ce ne fut qu’après qu’Helmina fut parfaitement revenue à elle que l’on s’aperçut de son absence.

— Il s’est sauvé, dit Maurice ; je vais courir après.

— Non, non, mon brave, dit M. des Lauriers, laissez-le aller, le malheureux ; que Dieu ait pitié de lui. Et vous, mes amis, ajouta-t-il en s’adressant à Julien et à Maurice, puisqu’il est bien vrai que vous voulez abandonner le sentier du crime…

— Quoi ! dit Madelon en interrompant, t’as été voleur, toi, Maurice ?… Oh ben ! c’est affreux, ça.

— Pardon, Madelon, dit Maurice en se jetant dans ses bras, pardon.

— Tout est pardonné dans ce beau jour, dit M. des Lauriers ; ne pensons plus au passé. Je suis sur le point d’acheter deux terres dans une campagne voisine, Julien en cultivera une, et toi l’autre ; nous irons vous voir de temps en temps, ce sera notre promenade favorite.

— Mon père, dit Helmina, Julienne restera avec nous.

— Non, Helmina, il faut qu’elle suive son père, mais je te donnerai une autre compagne, Élise, la fille de Mme La Troupe. Quant à cette dernière, je vais tout faire en mon pouvoir pour l’arracher des mains de la justice.

— Hélas ! monsieur, dit Stéphane, vous ne serez pas à cette peine, la malheureuse s’est empoisonnée de désespoir.

— Oh ! mon Dieu ! s’écrièrent à la fois Émile, Helmina et Julienne.