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LA FILLE

les symptômes les plus menaçants. C’était une chétive cabane, basse et humide, autrefois peinturée, surmontée d’une énorme enseigne portant en grosses lettres jaunes cette inscription :


AUBERGE DU FAUBOURG SAINT-LOUIS
par
Mme LA TROUPE


Quatre petites fenêtres dont les vitres avaient été presque toutes cassées et remplacées par des fonds de chapeau et de gros paquets de linge, éclairaient ce taudis. On y entrait par une porte enfoncée dans le sol et, après avoir descendu dans l’intérieur trois ou quatre degrés, on se trouvait vis-à-vis d’un comptoir peint en bleu foncé, où étaient réunis pêle-mêle des mesures sales et rouillées, des verres estropiées, des bouteilles vides et renversées. Les murs avaient été jaunis et tachés par la fumée d’une mauvaise lampe suspendue au plafond et qui répandait dans l’appartement une lumière blafarde et une odeur forte et désagréable.

Dans le fond de cette première chambre on apercevait une autre porte vitrée qui donnait dans une espèce de salon un peu plus relevé, destiné aux « gentlemen ». Cette chambre n’était éclairée que par deux vitraux entourés de mauvais rideaux tout troués, mais assez propres. Une longue table carrée la traversait d’un bout à l’autre ; vis-à-vis était un sofa de paille fixé au mur, au-dessus duquel était représenté, sur une toile peinte et d’une manière assez peu fidèle, le portrait de Napoléon.

Enfin trois chaises de bois et une autre petite table ronde complétaient tout l’ameublement de ce salon, où étaient réunis en ce moment nos trois gentilshommes, que nous nommerons Stéphane, Émile et Henri, auxquels l’hôtesse faisait les compliments et les demandes d’usage.

Mme La Troupe était une femme d’environ