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DU BRIGAND
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— Adieu donc, Helmina, dit maître Jacques, je reviendrai dans quinze jours au plus tard, sois bonne fille.

Maître Jacques monta dans sa grosse calèche et partit en faisant claquer son fouet. Helmina se retira dans sa chambre pour pleurer plus librement.

— C’est toujours bien curieux, Maurice, dit Madelon en s’adressant à son mari, que c’t’homme-là n’a pas encore passé ici c’qui s’appelle une journée depuis que nous avons sa fille.

— Eh bien quoi ! dit Maurice avec rudesse, c’est qu’il a d’s’affaires, c’t’homme.

— Mais d’s’affaires tant que tu voudras, à la fin un homme n’est pas un chien, faut qu’il se r’pose.

— Qui t’a dit à toi qu’il n’se r’posait pas ailleurs ?

V’là c’que j’voudrais savoir. J’cré, ma parole d’honneur, que tu manigances avec lui, Maurice, dit Madelon en le regardant attentivement. Tu m’as l’air à connaître quelque chose.

— Tiens, te v’là encore avec tes croyances, dit Maurice en devenant pâle. Comment ça, si tu veux ?

— Comment ça ? parce que d’abord tu as toujours comme lui de l’argent à pleine poche, et ensuite parce que vous vous parlez toujours à l’oreille. Pourquoi ne contez-vous pas vos affaires tout haut ?

— Pourquoi ? dit Maurice d’un air embarrassé, parce que… dame, parce que… parce que enfin ça n’vous r’garde pas, entends-tu ? On va-t-il fourrer notre nez dans vos affaires, nous autres ? Eh bien ! chacun les siennes.

Madelon voyant son mari impatienté, n’ajouta plus rien et continua son ouvrage en grommelant.

Maurice sortit.

— C’te pauvre enfant-là a du chagrin que je n’connaissons point, Julienne, dit Madelon en entendant les sanglots entrecoupés d’Helmina. Pauvre