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DU BRIGAND
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soin de vous pendant son absence ; je suis à mon aise, je lui ai promis avec plaisir ; je vais vous mettre en pension à la campagne chez une bonne femme où vous n’aurez rien à faire qu’à vous promener et à vous amuser avec ma petite fille, qui y est déjà.

« Quinze jours après mon père partit en me promettant de revenir au plus vite. Voilà mon histoire, Helmina ; je ne pouvais parler de Mme La Troupe sans vous la conter. Avant de venir ici, je fus lui dire adieu ; Élise ne pouvait se séparer de moi. Elles étaient toutes deux dans la plus profonde misère ; je suppose que Mme La Troupe, se voyant abandonnée, aura choisi la vie d’aubergiste pour dernière ressource.

— Combien y a-t-il à présent, dit Helmina, que Mme La Troupe a perdu son mari ?

— Attendez donc ; il y a environ un an… oui, il y a bien un an et demi ; mais, dites-moi, Helmina, est-elle comme il faut ?

— Elle n’a conservé, ma chère Julienne, qu’un peu de politesse ; cependant, malgré son air d’affectation, on peut affirmer qu’elle n’est pas à la place que Dieu lui a destinée ; on voit qu’elle n’est pas née dans la dégradation où elle est.

— Quoi, est-elle rendue à un tel point de ?…

— Elle est descendue au dernier échelon de la société ; l’auberge qu’elle tient paraît, par sa malpropreté, son délabrement, le rendez-vous de tous les misérables. Enfin, Julienne, je puis vous le dire sans exagérer, je suis persuadée que la malheureuse s’est livrée à la boisson.

— Cela n’est que trop possible, Helmina, dit Julienne, Mme La Troupe ayant de mauvais exemples sous les yeux ; pourvu au moins qu’elle n’entraîne pas sa malheureuse petite fille !

— Dieu ne permettra pas qu’un ange de vertu comme Élise succombe. Pauvre Élise !

— Vous m’avez dit Helmina que votre père connaît parfaitement Mme La Troupe, et qu’il ne vous