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Page:L'Écuyer - La fille du brigand, 1914.djvu/88

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LA FILLE

attentivement Mme La Troupe qui, de son côté, le regardait en versant des larmes… Stéphane pleura aussi…

Pauvre Stéphane ! les larmes que tu répands maintenant te sont arrachées par la pitié ; dans un instant il te faudra en verser d’autres plus pénibles encore, puisqu’elles naîtront d’un amour malheureux !…

Et comme s’il eût eu honte de sa faiblesse, il s’essuya promptement les yeux et s’avança d’un pas assez hardi à l’extrémité de la chambre où était Mme La Troupe. Aussitôt que le geôlier se fut retiré, elle fit passer Stéphane dans une espèce de petite cellule pratiquée dans le fond de la principale chambre. Élise les suivit.

Stéphane se jeta sur un banc de bois fixé au mur et laissa retomber sa tête sur l’embrasure d’une fenêtre. Mme La Troupe le regardait avec un air de confusion et de timidité ; elle n’osait commencer l’explication du rendez-vous qu’elle avait donné.

Enfin, après un quart d’heure, Stéphane se leva brusquement comme s’il se fût réveillé d’un sommeil profond, et fixant les yeux sur Mme La Troupe :

— Pourrais-je savoir, madame, ce qui m’amène ici, dans un lieu où j’ai eu tant à souffrir ?

Mme La Troupe rougit et baissa la vue, puis elle ne répondit rien.

Stéphane se reprocha le ton d’aigreur qu’il avait pris en lui faisant cette première question ; pensant que son silence venait de là, il reprit avec plus de douceur :

— De grâce, parlez ; depuis quand êtes-vous ici ?

— Depuis hier au matin, répondit-elle sur le ton d’une condamnée devant son juge.

— Par quel accident ?

— Par un accident que je devais prévoir, répondit Mme La Troupe avec plus de hardiesse.

— Que voulez-vous dire ? dit Stéphane en reprenant son air de sévérité.