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DU BRIGAND
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fouilles, elles ne furent pas infructueuses ; il était donc visible que j’étais leur complice ; et il m’a fallu subir le même sort.

Mme La Troupe s’était empressée de raconter la fin de son histoire pour éviter sans doute les justes remarques que Stéphane aurait pu faire, et pour abréger, autant que possible, la honte et la confusion que de pareils aveux devaient nécessairement faire naître en elle ; mais elle ne put résister plus longtemps : elle tomba évanouie sur le parquet. Élise, qui la crut morte, se jeta sur elle en l’appelant à haute voix. Ce fut une terrible scène pour Stéphane, un horrible contraste, que de voir la vertu aux prises avec le crime entre les quatre murailles d’un sombre cachot !…

Mme La Troupe revint bientôt à elle ; puis, après avoir pressé sa fille sur son cœur, elle se traîna jusqu’à Stéphane, et retombant à ses genoux :

— Ô Stéphane, lui dit-elle en pleurant, si les prières d’une femme criminelle mais repentante peuvent avoir quelque influence sur vous, si votre cœur, en maudissant le crime et ses esclaves, peut respecter et aimer la vertu toujours pure au milieu du vice, daignez jeter les yeux sur cette chère enfant daignez protéger une misérable orpheline qui sans vous devra traîner sa vie dans l’infortune et l’esclavage, peut-être, hélas ! dans la scélératesse comme son infâme mère. Oh ! dites-moi, monsieur, dites-moi que vous l’arracherez des mains des scélérats qui m’ont perdue ; dites-moi que vous la conduirez dans le chemin de la vertu, que vous la conserverez dans la pureté où elle a toujours vécu jusqu’à présent… Viens, Élise, viens te jeter avec moi aux pieds de M. Stéphane… Pauvre enfant !… tu n’as plus personne maintenant sur la terre !…

Stéphane releva Mme La Troupe, et lui promit de prendre soin d’Élise ; puis se rappelant qu’elle lui avait donné à entendre que le rendez-vous l’in-