Aller au contenu

Page:L'Écuyer - La fille du brigand, 1914.djvu/94

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
90
LA FILLE

téressait autant qu’elle, il la pria de le lui apprendre.

Mme La Troupe le regarda fixement.

— Avant de vous répondre, monsieur, lui dit-elle, permettez-moi de vous faire une question. Aimez-vous encore la fille de maître Jacques ?

— Pourquoi voulez-vous savoir cela ?

— Parce que si vous ne l’aimez plus, je n’aurai rien à vous dire.

— Eh bien, supposons que je l’aime encore.

— Ce n’est pas une supposition, monsieur, je le vois bien, vos yeux m’en disent assez. Avez-vous eu des informations sur son compte ?

— Non.

— Aimeriez-vous à en avoir ?

— Parlez, dit Stéphane avec crainte et inquiétude.

— Ce que je vais vous dire est terrible.

— Parlez, dit encore Stéphane d’une voix tremblante.

— Vous l’exigez donc ?

— Oui.

— Eh bien, je vous conseille d’oublier pour toujours la fille de M. Jacques.

Stéphane pâlit.

— Qu’avez-vous à dire contre elle ?

— Rien contre elle : au contraire, c’est une charmante enfant, douce, vertueuse, remplie d’excellentes qualités, aussi pure qu’un ange, je le sais de bonne part ; mais son père…

— Eh bien, son père, qu’allez-vous dire ?

— Son père est… brigand…

— Un brigand !

— Le chef d’une bande de scélérats.

— Ciel !…

— Le même qui m’a perdue !…

— Le misérable !… un brigand !… le chef !… et sa fille, un ange !… Horrible mystère, dit Stéphane en faisant trois ou quatre tours dans le caveau, et en sortant brusquement comme un homme que la folie vient d’accabler.