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Page:L'Écuyer - La fille du brigand, 1914.djvu/95

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X

DELIRIUM TREMENS


Trois heures sonnent lentement. Stéphane est dans sa chambre étendu sur une bergère, le visage d’une pâleur livide, les yeux égarés, les cheveux en désordre et les poings fermés. Tout à coup il se lève, se promène à grands pas, frappe tout ce qu’il rencontre, et vient retomber sur son fauteuil ; puis il se relève encore, se roule sur le plancher, déchire ses habits, et regagne encore une fois son siège. Tantôt il grince des dents, s’arrache les cheveux, se meurtrit les bras ; tantôt il pleure, il gémit, il tremble convulsivement, puis ses yeux se ferment doucement, on dirait qu’il repose paisiblement.

Helmina, la fille d’un brigand !…

M. Jacques, un brigand !… Chère Helmina… je l’aime… et c’est la fille d’un brigand, d’un chef… voilà donc les informations !… Et puis, mon père… oh ! il ne voudra pas… non, Émile ;… jamais ! que dis-je ?… oui, je l’épouserai… contre mon père, oh ! mais c’est horrible !… l’abandonner !… jamais !… si belle, si vertueuse… Maître Jacques… l’infâme ; je le tuerai… il le mérite… Helmina ! Helmina !…

Et Stéphane retomba dans un assoupissement léthargique qui lui fut favorable ; il s’éveilla les sens plus tranquilles, l’esprit moins agité ; il ne conservait plus qu’une douleur modérée et plus concentrée…

En ce moment on frappa à la porte, Stéphane s’efforça de reprendre son sang-froid habituel ; mais il ne réussit pas assez pour que Magloire ne s’aperçût pas de quelque chose.

— Eh bien, Magloire ? dit Stéphane avec précipitation, pour empêcher toute question de la part de son serviteur.

— Eh bien, mon maître, répondit Magloire sur le même ton, les affaires ont été rondement.