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Page:L'Écuyer - La fille du brigand, 1914.djvu/97

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s’est retirée dans une autre chambre, et je ne l’ai plus revue.

— Et tu t’es retiré ?

— Non pas ; j’ai demandé ensuite à quelle heure on pourrait voir le maître de la maison ? ; on m’a répondu qu’il n’était chez lui qu’à l’heure des repas.

— Je vois malheureusement que tu n’as rien oublié de ta commission.

— Malheureusement, pourquoi ce mot M. Stéphane ?

— Écoute-moi, Magloire ; j’ai cru que je pouvais aimer cette jeune fille, c’était pour le lui apprendre que tu lui as remis une lettre de ma part ; mais comme j’ai appris ce matin qu’il m’était impossible de consommer cet amour, j’aurais voulu au moins qu’il demeurât secret, qu’il mourût en moi seul.

— J’ai cru m’apercevoir en effet que vous l’aimiez, elle est si belle, elle paraît si vertueuse, si bonne enfant !

— Elle l’est en effet, Magloire, elle ferait mon bonheur ; et malgré cela…

— S’il m’était permis, dit Magloire avec timidité…

— Tu me demanderais pourquoi, n’est-ce pas ? dit Stéphane en devinant sa pensée ; eh bien, je vais te le dire ; crois-tu que le monde et mon père surtout souffrirait que j’épousasse la fille… d’un brigand ?

— Elle, grand Dieu, la fille d’un brigand !

— Oui, Magloire, la fille d’un brigand qui dans quelques jours peut-être périra sur l’échafaud.

— Mais, c’est impossible ! M. Stéphane, à la voir…

— On ne le dirait pas sans doute, et pourtant c’est le cas. C’est un mystère que je t’expliquerai une autre fois.

Stéphane se cacha le visage dans ses deux mains et pleura amèrement.

Magloire se prit à réfléchir profondément sur ce qu’il venait d’apprendre, lorsqu’on frappa douce-