Page:L'Épée-Bébian.- Art d'enseigner aux sourds-muets, 1820.djvu/126

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et de pratiquer tout ce que nous avons dit sur la prononciation, dans le premier et le second chapitres.

Mais quand une fois il a compris toutes les dispositions qu’on doit donner aux organes de la parole pour prononcer une lettre quelconque, il importe peu que nous lui en demandions une, quelle qu’elle soit, ou par l’alphabet manuel ou par l’alphabet labial ; il nous la rendra également, et nous lui dicterons, lettre à lettre, des mots entiers par l’alphabet labial, comme par l’alphabet manuel. Il les écrira sans faute ; je ne dis pas qu’il les entendra, mais seulement qu’il les écrira, parce que je ne parle ici que d’une opération physique et d’un enfant qui n’est point avancé dans l’instruction.

Les sourds-muets acquérant cette facilité de très-bonne heure, et d’ailleurs étant curieux, comme le reste des hommes, de savoir ce que l’on dit, surtout lorsqu’ils supposent qu’on parle d’eux ou de quelque chose qui les intéresse, ils nous dévorent des yeux (cette expression n’est pas trop forte), et devinent très-aisément tout ce que nous disons, lorsqu’en parlant nous ne prenons pas la précaution de nous soustraire à leur vue. C’est un fait d’expérience journalière dans les trois maisons qui renfer-