Page:L'Épée-Bébian.- Art d'enseigner aux sourds-muets, 1820.djvu/127

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ment plusieurs de ces enfants, et j’ai soin de recommander aux personnes qui nous font l’honneur d’assister à nos leçons, de ne point dire en leur présence ce qu’il n’est point à propos qu’ils entendent, parce que cela serait capable d’exciter l’orgueil des uns et la jalousie des autres.

Je conviens cependant qu’ils en devinent plus qu’ils n’en aperçoivent distinctement, tant que je ne me suis point appliqué à leur apprendre l’art d’écrire sans le secours d’aucun signe, d’après la seule inspection du mouvement des lèvres ; mais je ne me presse point de leur communiquer cette science : elle leur serait plus nuisible qu’utile, jusqu’à ce qu’ils aient acquis la facilité d’écrire imperturbablement, sous la dictée des signes, en toute orthographe, quoique ces signes ne leur représentent ni aucun mot ni même aucune lettre, mais seulement des idées dont ils ont acquis la connaissance par un long usage.

Avant qu’ils soient parvenus à ce terme, semblables à un grand nombre de personnes qui n’écrivent que comme elles entendent prononcer, et qui font par conséquent une multitude de fautes d’orthographe, ne sachant pas la différence qu’on doit mettre entre l’écriture et la prononciation, nos sourds-muets écriraient les mots selon qu’ils les verraient pro-