Page:L'Épée-Bébian.- Art d'enseigner aux sourds-muets, 1820.djvu/128

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noncer, d’où il résulterait nécessairement une confusion insupportable, non seulement dans leur écriture, mais même dans leurs idées.

Au contraire, ayant fortement gravé dans leur esprit l’orthographe des mots dont ils se sont servis cent et cent fois, et d’ailleurs étant bien et dûment avertis que nous prononçons pour les oreilles, mais que nous écrivons pour les yeux, ils savent qu’ils ne doivent point écrire ces mots comme ils les voient prononcer, de même que nous savons que leur prononciation ne doit point être la règle de notre écriture.

Et comme la matière dont on parle, et la contexture d’une phrase nous font écrire différemment des mots dont le son est parfaitement semblable à nos oreilles ; le bon sens, que les sourds-muets possèdent comme nous, dirige également leurs opérations dans l’écriture.

Il est aisé de concevoir que, dans le commencement de ce genre d’instruction, il est nécessaire 1o que le sourd-muet soit directement en face de son instituteur, pour ne perdre aucune des impressions que les différentes positions de l’alphabet labial opèrent sur les organes de la parole, et sur les parties qui les environnent ; 2o que l’instituteur force, autant qu’il est possible, ces espèces d’impressions, pour