Page:L'Épée-Bébian.- Art d'enseigner aux sourds-muets, 1820.djvu/29

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opinion différente, des objets de leur croyance ; et quand il y était entraîné, jamais ses discussions ne dégénéraient en disputes ; il avait le talent de les maintenir sur le ton de ces entretiens aimables où règne la confiance.

Un protestant vint de la Suisse pour apprendre de lui l’art d’instruire les sourds-muets : M. de l’Épée l’accueillit avec la plus douce bienveillance.

Bientôt leurs cœurs, faits pour s’entendre, s’unirent des liens de la plus tendre amitié. Le protestant abjura la croyance où il était né, pour embrasser celle d’un homme aussi vertueux.

Cette tolérance dont M. de l’Épée offrait un si heureux exemple, on ne l’observa pas toujours à son égard. Son talent créateur avait donné une nouvelle existence aux sourds-muets, en leur révélant les célestes destinées de l’homme racheté par le sang divin ; il s’agissait de recevoir leur confession ; lui seul pouvait l’entendre. La nécessité lui en dictait la loi ; il crut pouvoir en obtenir, sans peine, l’autorisation de ses supérieurs ecclésiastiques ; mais ses sollications réitérées ne recevant pas même de réponse, il écrivit à M. l’archevêque de Paris ; et en se plaignant de ce silence obstiné, il lui déclarait, en