Page:L'Épée-Bébian.- Art d'enseigner aux sourds-muets, 1820.djvu/30

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termes respectueux, mais pleins de dignité, qu’il croyait devoir enfin l’interpréter en sa faveur, et le regarder au moins comme une autorisation indirecte. Ce fut aussi la seule qu’il put obtenir.

Dans cette circonstance du moins, il ne lui fallut que de la patience ; mais combien de fois n’eut-il pas besoin de toute la résignation que donnent la religion et la vertu !

S’étant un jour présenté dans sa paroisse pour recevoir, avec les fidèles, les cendres, qu’au commencement du carême, la religion répand, en signe de pénitence, sur le front du chrétien ; le prêtre chargé de cette cérémonie, le repoussa publiquement avec outrage ; mais M. de l’Épée, avec cette douceur qui ne l’abandonnait jamais : « Monsieur, lui dit-il, j’étais venu, comme pécheur, m’humilier à vos pieds : votre refus ajoute à ma mortification ; mon intention est remplie devant Dieu ; je n’insiste pas, pour ne point tourmenter votre conscience. »

Mais, pour l’honneur de la religion chrétienne, dont l’esprit est si contraire à toute espèce d’intolérance, de cette religion toute d’amour, dont le premier précepte est la charité universelle, il faut ajouter que cet homme