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ni de Haeckel, malgré l’entrée comique de Kollin au cirque des portraits ; mais Dieu au-dessus de tout en sa gravitation planée et par là écarté — d’où l’inutilité d’expliquer sa nature — ; et des Dieux subalternes autonomes et autodoules, le Quatrième-Commandement, frappant lancés par la malédiction l’être à abattre au gré mécanique de qui même incompétent les invoque.

Âmes solitaires heurtées sans pénétration — mêlée sans mélanges — en éclats douloureux, d’autant moins conscientes de leur solitude que moins intellectuelles, le vieux Vockerat et sa femme, simples par l’esprit, souffrent le moins — et ils ont où se cramponner. Kaethe, l’Idololâtré englouti, tombe les mains s’effarant au vide du piédestal. Mais elle vit pour l’amour, et de son amour est né, sur qui il se reportera, une créature terrestre. — Johannes Vockerat et Anna Mahr, Dieu l’un pour l’autre, selon une tant vieille théorie, au souffle des trains — chœur antique — dans les sabliers vides et du tic-tac lunaire horé de fugitifs ailerons, perdent tout appui séparés. Et seuls leur esprit est assez grossissant pour s’enneiger à la trame de verre circulaire où s’étiquette leur moi. La grosse chouette noire griffue sur les rails a ricané le départ d’Anna Mahr ; et Johannes, frappant pour l’avertir d’ouvrir son linceul le plat tambour de l’eau, la tête plongeante de graine flottante qui crèverait vers le nadir sa collerette horizontale, se perd dans un cercle — toujours — mais grandissant de diamètre jusqu’à l’infini, avec les bornes de sa Solitude.