Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/81

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— On raconte qu’à la bataille des Flandres, en octobre 1914, French avait donné un soir l’ordre de la retraite. Foch alla le voir et l’adjura de tenir. Il venait de perdre un fils et un gendre. Il évoqua Waterloo. French promit et tint.

— Le 20. J’ai déjà noté, d’après le Livre Bleu, livre anglais, la démarche de Poincaré près l’ambassadeur d’Angleterre le 29 juillet 1914, disant : « l’Angleterre à nos côtés, c’est la paix ». Les journaux publient les lettres échangées entre Poincaré et le roi. Celui-ci refusa d’adopter la thèse de Poincaré. Il paraît qu’il n’en avait pas le droit, constitutionnellement. Mais la preuve éclate qu’il y eut un moyen de paix repoussé par l’Angleterre. Et l’aberration de nos journaux est telle qu’ils donnent pour titre à cette publication : « La preuve que l’Allemagne voulait la guerre ! »

— Autre aberration de la mentalité. Un nommé Albert Goullé, ancien socialiste, je crois, écrit cette phrase que toute la presse reproduit : « Du moment que des jeunes hommes d’une autre nation combattent les jeunes hommes de notre nation, je ne veux plus être impartial. Ceux qui exterminent les nôtres sont des bandits. Les nôtres sont des héros. » Et voilà ! Ce n’est pas plus compliqué que cela.

— On voit poindre des articles sur cette thèse : « Il y aura toujours la guerre, comme l’amour et la mort… La guerre est belle, parce qu’elle exalte le mépris de la douleur et le sacrifice de la vie à un idéal. » Il y aurait tant à dire sur cette négation du progrès humain, sur la prétendue beauté du mépris de la souffrance, sur le choix de l’idéal auquel sacrifier sa vie…

— Le 22, allant à Saint-Nazaire, je m’arrête à Tours, pour rendre visite à Anatole France, qui