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LE CORPS ET LES ACTIVITÉS PHYSIOLOGIQUES

est incalculable. La médecine est loin d’avoir diminué, autant qu'on le croit généralement, la somme des souffrances humaines. Comme on meurt moins des maladies infectieuses, on meurt davantage des ‘maladies dégénératives qui sont plus longues et plus douloureuses. Les années d’existence que nous gagnons, grâce à la suppression de la diphtérie, de la variole, de la typhoïde, etc., sont payées par les souffrances prolongées qui précèdent la mort due aux affections chroniques. Le cancer est, chacun le sait, particulièrement cruel. En outre, l’homme civilisé est, comme jadis, exposé à la syphilis et aux tumeurs du cerveau, à sa sclérose, à son ramollissement, aux hémorragies de ses vaisseaux et à la dé- chéance intellectuelle, morale et physiologique que produisent ces maladies. Il est également sujet à des désordres organiques ou fonctionnels résultant des conditions nouvelles de l'existence, de l'agitation incessante, de l'excès de nourriture et de l’insuffisance d'exercice physique. Le déséquilibre du système viscéral amène des affections de l'estomac et de l'intestin. Les maladies du cœur deviennent plus fréquentes. Et aussi le diabète. Quant aux affections du système nerveux central, elles sont innombrables. Dans le cours de son existence, tout individu souffre de quelque atteinte de neurasthénie, de dépression nerveuse, engendrée par la fatigue, le bruit, les inquiétudes et le surmenage. Quoique l'hygiène moderne ait beaucoup allongé la durée moyenne de la vie, elle est loin d’avoir supprimé les maladies. Elle s’est contentée de changer leur nature.

Ce changement ne vient pas seulement de la diminution des maladies infectieuses. Mais aussi des modifications survenues dans la constitution des tissus et des humeurs sous l'influence des modes