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L'HOMME, CET INCONNU

qui détermine dans une large mesure le nombre, la qualité et l'intensité des manifestations de la con science de chaque individu. Si ce milieu est trop pauvre, l'intelligence et le sens moral ne se déve- loppent pas. S'il est mauvais, ces activités deviennent vicieuses. Nous sommes immergés dans le milieu social comme les cellules du corps dans le milieu intérieur. Comme elles, nous sommes incapables de nous défendre de l'influence de ce qui nous entoure. Le corps se protège mieux contre le monde cos- mique que la conécience contre le monde psycholo- gique. Î se garde contre les incursions des agents physiques et chimiques grâce à la peau et à la mu- queuse intestinale. La conscience, au contraire, a des frontières tout à fait ouvertes. Elle est exposée à toutes les incursions intellectuelles et spirituelles du milieu social. Suivant la nature de ces incursions, elle se développe de façon normale, ou défectueuse.

L'intelligence de chacun dépend, dans une large mesure, de l'éducation qu’il a reçue, du milieu dans lequel il vit, de sa discipline intérieure, et des idées qui sont courantes à l’époque et dans le groupe dont il fait pertie. Elle se forme par l'étude méthodique manités et des sciences, par l'habitude de la logique dans la pensée, et par l'emploi du langage mathématique. Les maîtres d'école, les professeurs d’universités, les bibliothèques, les laboratoires, les livres, les revues, suffisent au développement de l'es- prit. Seuls, les livres sont vraiment essentiels. Il est; possible de vivre dans un milieu social peu intelligent et de posséder une haute culture. La formation de l'esprit est, en somme, facile. Il n’en est pas de même de la formation des activités morales, esthétiques et religieuses. L'influence du milieu sur ces aspects de la conscience est beaucoup plus subtile. Ce n’est pas