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LES ACTIVITÉS MENTALES

en assistant à un cours qu’on apprend à distinguer le bien du mal, et le laid du beau. La morale, l'art et la religion ne s’enseignent pas comme la grammaire, les mathématiques et l’histoire. Comprendre et sentir sont deux choses profondément différentes. L'enseignement formel n’atteint jamais que l'intelligence.

On ne peut saisir la signification de la morale, de

l'art, et de la mystique que dans les milieux où ces choses sont présentes et font partie de la vie quotidienne de chacun. Pour se développer, l'intelligence ! demande seulement des exercices, tandis que les

autres activités de la conscience exigent un milieu, un groupe d'êtres humains à l'existence desquels elles sont incorporées.

Notre civilisation n’a pas réussi jusqu’à présent à créer un milieu convenable pour nos activités mentales. La faible valeur intellectuelle et morale de la plupart des hommes modernes doit être attribuée, en grande partie, à l'insuffisance et à la mauvaise composition de leur atmosphère psychologique. La primauté de la matière, l’utilitarisme, qui sont les dogmes de la religion industrielle, ont conduit à la suppression de la culture intellectuelle, de la beauté et de la morale, telles qu’elles étaient comprises par les nations chrétiennes, mères de la science mo- demne. En même temps les changements dans le mode de l'existence ont amené la dissolution des groupes familiaux et sociaux qui possédaient leur individualité, leurs traditions propres. La culture ne


s’est maintenue nulle part. L'énorme diffusion des

journaux, de la radiophonie et du cinéma a nivelé les classes intellectuelles de la société au point le plus bas. La radiophonie surtout porte dans le domicile de chacun la vulgarité qui plaît à la foule. L'intelligence se généralise de plus en plus, malgré