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L'HOMME, CET INCONNU

Ils se sentent accablés sous un amas de faits, qu’ils arrivent à décrire, mais qu’ils ne sont pas capables de définir par des formules algébriques. Des choses qui se rencontrent dans le monde matériel, qu’elles soient atomes ou étoiles, rochers ou nuages, acier où eau, on a pu abstraire certaines qualités, telles que le poids et les dimensions spatiales. Ce sont ces abstractions, et non pas les faits concrets, qui sont la matière du raisonnement scientifique. L’observation des objets ne constitue qu’une forme inférieure de la science, la forme descriptive. Celle-ci établit la classification des phénomènes. Mais les relations constantes entre les quantités variables, c’est-à-dire les lois naturelles, apparaissent seulement quand la science devient plus abstraite. C’est parce que la physique et la chimie sont abstraites et quantitatives qu’elles ont eu un si grand et si rapide succès. Bien qu’elles ne prétendent pas nous renseigner sur la nature ultime des choses, elles nous permettent de prédire les phénomènes et de les reproduire quand nous le voulons. En nous révélant le mystère de la constitution et des propriétés de la matière, elles nous ont donné la maîtrise de presque tout ce qui se trouve à la surface de la terre, à l’exception de nous-mêmes.

La science des êtres vivants en général, et de l’individu humain en particulier, n’a pas progressé aussi loin. Elle se trouve encore à l’état descriptif. L’homme est un tout indivisible d’une extrême complexité. Il est impossible d’avoir de lui une conception simple. Il n’existe pas de méthode capable de le saisir à la fois dans son ensemble, ses parties et ses relations avec le monde extérieur. Son étude doit être abordée par des techniques variées. Elle utilise plusieurs sciences distinctes. Chacune de ces sciences aboutit