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L'INDIVIDU

l'enseignement familial. Elle y a été obligée par la re des femmes, Celles ar abandonnent. Touré u kifdérgarten pour s'occuper de leur car- rière, de leurs ambitions mondaines, de leurs plaisirs sexuels, de leurs fantaisies littéraires ou artistiques, ou simplement pour jouer au bridge, aller au cinéma, perdre leur temps dans une paresse aflairée. Elles ont causé ainsi l'extinction du groupe familial, où l'enfant grandissait en compagnie d'adultes et appre- nait beaucoup d'eux. Les jeunes chiens élevés dans des chenils avec des animaux du même âge sont moins développés que ceux qui courent en liberté avec leurs parents. Il en est de même des enfants perdus dans la foule des autres enfants et de ceux qui vivent avec des adultes intelligents. L'enfant modèle facilement ses activités physiologiques, afec- tives et mentales sur celles de son milieu. Aussi reçoit-il peu des enfants de son âge. Quand il est réduit à n’être qu'une unité dans une école, il se développe mal. Pour progresser, l'individu demande la solitude relative, et l'attention du petit groupe familial.

C'est également grâce à son ignorance de lindi- vidu que la société moderne atrophie les adultes. L'homme ne supporte pas impunément le mode d'existence et le travail uniforme et stupide imposé aux ouvriers d’usine, aux employés de bureau, à ceux qui doivent assurer la production en masse. Dans l'immensité des villes modernes, il est isolé et perdu. Il est une abstraction économique, une tête du troupeau. Il perd sa qualité d’individu, Il n’a ni responsabilité, ni dignité. Au milieu de la foule émergent les riches, les politiciens puissants, les bandits de grande envergure. Les autres ne sont qu’une poussière anonyme. Au contraire, l'individu