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Page:L'oeuvre du Divin-Aretin - Partie I.djvu/74

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L’ŒUVRE DU DIVIN ARÉTIN

louant comme le plus beau que j’eusse jamais vu, et je congédie le messager en lui disant d’embrasser son maître pour moi. Restée seule, j’ouvre le petit livre pour lire le Magnificat et aussitôt je vois qu’il est plein d’images où l’on se divertissait dans les postures pratiquées par les savantes Nonnes. En en regardant une qui exhibant sa boutique par le cul d’un panier sans fond se laissait tomber au bout d’une corde sur la fève d’un membre démesuré, j’éclatai de rire si fort que je fis accourir une petite sœur qui était de celles avec qui j’étais le mieux apprivoisée, et, comme elle me dit : « Que signifient ces éclats de rire ? » je n’eus pas besoin de corde pour tout lui dire. Je lui montrai le petit bouquin et nous le feuilletâmes avec tant de plaisir qu’il nous prit une telle envie d’essayer les postures des images que force nous fut de recourir au manche de verre. Ma petite amie se l’arrangea si bien entre les cuisses qu’on eût dit le machin d’un homme en arrêt devant sa tentation. Je me jetai sur le dos, comme une de ces femmes du Pont Sainte-Marie. Je lui posai mes jambes sur les épaules, et elle, me le mettant tantôt du bon, tantôt du mauvais côté, me fit vite achever ce que j’avais à faire ; puis, à son tour, elle prit la place que j’occupais et je lui rendis fouace pour tourte.

Antonia. — Sais-tu, Nanna, ce qui m’arrive à t’écouter jaser ?

Nanna. — Non.

Antonia. — Ce qui arrive à quelqu’un qui flaire une médecine et qui, sans la prendre autrement, va deux ou trois fois de corps.

Nanna. — Ah ! ah ! ah !

Antonia. — Oui, tu peins si bien au vif ce que tu racontes que tu m’as fait pisser sans que j’aie mangé de truffes ni de cardons.

Nanna. — Tu me reprends si je parle au moyen de mots sous-entendus et voici que tu uses aussi du langage de quelqu’un qui raconte de petites histoires aux gamines et qui dit : « J’ai quelque chose de blanc comme une oie, et ce n’est pas une oie ; qu’est-ce que c’est ? »