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UN DIVORCE

— Monadier, vous êtes un lâche insolent ! et vous mériteriez que je vous crache au visage. Croyez-vous que je suis femme à supporter de pareilles plaisanteries ? Qu’est-ce qui vous donne sur moi de ces idées-là ?

— La ! comme vous vous fâchez ! Je croyais, moi, que ça ne vous faisait rien. Voyons, de bonne foi, pensez-vous que ça ne saute pas aux yeux de tout le monde que Ferdinand raffole de vous et que vous ne le voyez pas d’un mauvais œil ?

— Eh bien ! quand ce serait comme ça, est-ce une raison pour en penser plus long et dire de pareilles bêtises ? Il n’y a que vous pour être vilain et grossier comme ça.

— Ah ! vous croyez qu’il n’y en a pas d’autres ?

— D’autres ? répéta-t-elle (et sa figure prit une expression sérieuse). Vous prétendez que d’autres peuvent croire ?…

— Et dire, mon enfant, reprit Monadier.

Madame Fonjallaz parut vivement troublée.

— Vous avez entendu dire du mal de moi ? demanda-t-elle en fixant Monadier d’un air menaçant.

— Du mal ! Bah ! ne vous inquiétez donc pas comme ça, mon cœur. Tout le monde avoue que vous êtes charmante. Ah ! vous croyiez qu’on pouvait impunément rendre les gens fous sans que personne s’avisât d’en tirer les moindres conclusions… Eh ! eh ! eh ! Vous ne manquez pourtant pas d’esprit et de logique. Voyons, après tout, qu’est-ce que ça vous fait ? Est-ce votre mari qui vous inquiète ? Vous savez bien qu’il sera toujours le dernier averti.

Elle fit un brusque mouvement comme pour s’éloigner, mais, se retournant vers lui :

— Prenez garde, seulement, à la manière dont vous