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LES TROIS COCUS

Cette généralité de cocus n’est pas très nombreuse ; car les maris trompés sont les derniers à le savoir. Toutefois, le genre se subdivise à l’infini en d’innombrables sous-genres : il y a les cocus qui pleurent et les cocus qui rient, les cocus qui chantent et les cocus qui font chanter, les cocus qui protestent et les cocus qui tiennent l’échelle.

Honneur à tous ! Bien qu’à différents titres, ils participent sans distinction au bonheur de l’humanité.

VIII

Le Cocu qui en doute.

L’est-il ? ou ne l’est-il pas ? — tel est le problème qu’il pose continuellement à son cerveau obtus, et que, du matin au soir, il s’escrime à résoudre.

Lundi, il se dit :

— Quand je l’ai épousée, elle était innocente comme une Agnès.

Mardi :

— Oui ! mais les Agnès font le mal sans le savoir.

Mercredi :

— Cependant, non ! Une fois la faute commise, impossible de la dissimuler.

Jeudi :

— Oui ! mais les femmes sont d’instinct si trompeuses !

Vendredi :

— Cependant, non ! La mienne est un dragon de vertu.

Samedi :

— Oui ! mais que faut-il pour leur faire faire ! e faux pas ? Un rien, la lecture d’un roman, la vue d’un capitaine de hussards.

Dimanche :

— Heureusement, je suis sûr de tous mes amis !… Et qui sait ? notre sexe est aussi perfide que l’autre.

Et ainsi de suite.

Cela recommence à chaque semaine.

Conclusion : — Qu’il le soit ou qu’il ne le soit pas, le cocu qui en doute finit toujours par tourner en bourrique.

IX

Le Cocu qui n’y croit pas.

Voilà le véritable roi des cocus.

Il mettrait sa main au feu pour prouver qu’il constitue le