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LES TROIS COCUS

Le curé ne put s’empêcher de rire à ce récit.

— Figurez-vous, mon cher Romuald, que j’ai fait la connaissance de la marquise dans des circonstances absolument analogues.

— C’est étrange.

— Non, cela prouve que la marquise a beaucoup de neveux ; car je ne suppose pas que nous nous ressemblions, vous et moi, le moins du monde.

— Et… est-on bien reçu chez madame de Rastaquouère ?

— À bras ouverts.

Les deux prêtres marchaient allègrement dans la rue de Rennes. Ils s’arrêtèrent devant une maison d’honnête apparence, saluèrent le concierge en passant et montèrent au second étage.

Le curé sonna d’une certaine façon.

Une bonne en tablier blanc vint ouvrir.

— Entrez, messieurs, dit-elle.

Elle les introduisit dans un petit salon capitonné en bleu. Cette pièce se distinguait par de nombreux canapés. Ils s’assirent.

Au bout de quelques instants, une draperie se souleva, et une matrone, la maîtresse de céans, parut.

— Marquise, dit le curé présentant son vicaire, l’abbé

Romuald, mon meilleur ami, désire vivement être initié à nos charmants mystères.

— Présenté par vous, répond la Rastaquouère, monsieur l’abbé sera admis à l’unanimité.

— Madame la marquise, balbutiait Chaducul, c’est trop d’honneur.

La Rastaquouère sourit.

— Je vais vous faire servir du café. Pendant que vous le prendrez, on procédera aux préparatifs de la réception.

Et elle se retira.

Romuald était agréablement intrigué.

— Qu’est-ce que cette joyeuse comédie qui se prépare ? interrogea-t-il quand il fut seul avec son curé.

— Mon cher, je ne vous ai pas tout dit.

— Je m’en doutais.

— Mais je vous ai jugé, et je sais que vous ne trahirez pas nos secrets.

— Quels secrets ?

— Vous verrez… Patience ! patience !… Qu’il me suffise pour l’instant de vous dire que vous allez être reçu chez les Maçonnes de l’Amour.

— Qu’est-ce que cela ?