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Page:Léo Taxil - Les trois cocus.pdf/200

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LES TROIS COCUS

Il ordonna d’abord que Scholastique prendrait un lavement à l’eau de Lourdes. C’est ça qui embêterait Lucifer !

On se procura un demi-litre d’eau miraculeuse, et le clysopompe fut rempli.

Scholastique accepta l’opération, en victime résignée. Ce fut Irlande qui manœuvra le piston, et, pendant ce temps, Philéas, bénissant avec gravité la patiente, prononça l’exorcisme suivant :

In nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti. Aquello empègo, pito-mouffo, darnagas et rascazetto. La reino Saboou in sæcula sæculorum. N’a deis musclos sous leis roccos ! Capefigue a l’omnibus. Patin couffin, cagalabri, santibelli de bouffaréou, Dominus vobiscum ! Passa rès ? Amen !

Mais, pour surcroît d’infortune, il paraît que le Très-Haut ne comprend pas le polonais ; car il ne prit pas en considération [a prière de l’abbé Groussofski.

Aprés l’exorcisme comme avant, la colique de Scholastique était atroce.

— Ce n’est pas un démon que vous avez en vous, conclut Philéas, c’est toute une légion de diables.

— Que faire alors, monsieur l’abbé, que faire ?

— Je ne vois plus qu’un moyen de vous en tirer…

— Lequel ?… De grâce, indiquez-le-moi !

— Un voyage à Lourdes et un plongeon dans la piscine.

Aussitôt dit, aussitôt résolu.

Les deux sœurs arrêtèrent incontinent un pèlerinage prochain à la vierge de Bernadette, qui ne pouvait se refuser à chasser la légion de diables du corps d’une personne aussi chaste.

Il va sans dire que l’aumônier devait être de la partie.