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LE MARCHAND DE BONHEUR

Pauvre petit dîner ! je pense à mon Goncourt. Il s’éclaircira vite. »

On avait fait, pendant le repas, l’éloge de Cherbuliez, que l’un de nous s’était chargé d’inviter régulièrement à l’avenir. Tous nous vénérions la modestie de ce grand écrivain qui poursuit courageusement son œuvre et, sans se ranger sous un drapeau, a écrit tant de pages remarquables. « Ainsi, murmurait mon père, il n’y a point d’effort perdu. Ils mentent ceux qui représentent notre humanité comme un fourmillement d’injustice. Il y eut une seule voix ce soir pour convenir de la puissance et de l’autorité à qui nous devons Ladislas Bolski, le Comte Kostia, vingt superbes volumes ».

D’après Alphonse Daudet, il n’y avait, pour arriver au bonheur, qu’une seule route, celle de la justice.

Me voici au plus près du cœur que j’ai entrepris de vous dévoiler. Si le génie est fait de sentiments excessifs et qui s’accordent entre eux par le privilège d’une nature harmonieuse, si l’art d’écrire vient de ce que ces sentiments ébranlent les mots vigoureux, pittoresques, mettent en œuvre une force verbale correspondante, si, entre les convictions que le cerveau coordonne et ces mouvements de la main qui fixent sur le papier leur formule, il est des voies directes et profondes, je puis