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ALPHONSE DAUDET

vations d’aujourd’hui, de secouer la poussière des manuscrits. Plusieurs de ses œuvres témoignent de ce souci. Parmi les travaux des contemporains, le Blanqui de Gustave Geffroy est un bel exemple à l’appui de cette thèse. À l’étude d’un grand caractère, cet artiste consciencieux, ce « poète du réel » qu’est Geffroy a appliqué les procédés modernes d’investigation et de description. Il en résulte un travail rare et remarquable, qui, servira sans doute de type et de modèle à bien d’autres essais du même genre.

Qu’on ne s’imagine point que mon père poussait jusqu’à la manie ce goût de l’analyse au point de vue de la race. Son « bon sens latin », son amour de la mesure le préservaient d’un tel excès. Il vénérait Michelet, il le relisait constamment ; il trouvait sans cesse, pour le sublime auteur de l’Histoire de France, de la Femme, de la Mer, de la Bible de l’Humanité, de nouvelles formes laudatives. Il admirait Taine, tout en se méfiant de sa systématisation violente et le trouvant trop dur pour les héros, les exaltés. Cet amoureux de l’équilibre et de l’harmonie dans le domaine de la pensée, comprenait, excusait la frénésie dans le domaine de l’action. Et je crois bien qu’aux Origines de la France contemporaine, il préférait la Littérature Anglaise.