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DE L’IMAGINATION

trer d’autres visages, d’autres cieux, d’autres pays que ceux qui sont autour de nous et dont le monotone contact nous lasse. »

Le reproche est spécieux. Il est troublant parce qu’il renferme une part de vérité. Tout à fait injuste, s’il s’agit d’écrivains comme Flaubert, Zola, Goncourt, il devient fondé s’il s’agit de scribes et de copistes imbéciles, appliquant sans talent des formules mal comprises.

Et le nœud du problème, c’est pourquoi je l’aborde en ce moment, le nœud du problème est tout entier dans l’Imagination.

Moi. — Je t’avoue que les aventures des grands personnages, des héros, m’intéresseront toujours plus que celles de petits bourgeois. Et j’appelle grands personnages non seulement des rois et des capitaines, mais aussi des philosophes, des écrivains, des artistes. Les colères qu’a provoquées ce qu’on a intitulé si grossièrement le naturalisme ont failli nous faire verser dans la littérature d’exception. Le symbolisme à ce point de vue fut une réaction inévitable.

Mon père. — Il ne s’agit ni de symbolisme, ni de naturalisme. Tu sais le cas que j’ai toujours fait des écoles et des classifications. Je les hais toutes. Je ne suis d’aucune.

Il s’agit ici de réalité et de vérité. Or, il n’y a rien en dehors du réel. Il n’y a rien en dehors du