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DE L’IMAGINATION

en coopération ? J’espérerais davantage dans l’effort d’un seul. Un livre qui serait, pour l’Imagination, ce que le livre de Taine, par exemple, a été pour l’Intelligence. Un résumé clair et correct.

Mon père. — Je crois que la tâche serait lourde à un seul. Nous allons, si tu veux, chercher quelques-uns des principaux objets d’un pareil travail, et tracer, à grandes lignes, une sorte de sommaire général.

Moi. — Soit. Rien de meilleur, pour élucider ses propres idées, que de voir comment on s’y prendrait pour les exposer à autrui.

Commencerions-nous par définir l’Imagination, et, comme on décrit un continent, délimiter ses relations de voisinage ou de dépendance avec les autres facultés ?

Mon père. — Je ne suis point partisan des définitions dès le début. Puis les cadres du genre et de l’espèce sont bien étroits pour cette grandiose faculté. Ils éclateraient.

Il serait bon, je crois, de poser, dès l’entrée, ce capital principe que l’Imagination et la Sensibilité sont deux facultés connexes, ou que la Sensibilité est le réservoir de l’Imagination. Nous avons, tout à l’heure, suffisamment insisté sur ce point. Mais il est foncier et assurerait aussitôt l’originalité de notre travail.

Moi. — Ceci fait, avec exemples à l’appui (Bal-