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DE L’IMAGINATION

rassemblent des mots d’un sens étroit et dur qu’on a de la peine à briser.

Les amateurs de ténèbres ont raison d’alléguer que nous sommes environnés de mystère, ou, suivant la jolie excuse de Stéphane Mallarmé, que l’on écrit avec du noir sur du blanc. Mais n’est-ce pas une convention primordiale, et sans laquelle toute œuvre d’art deviendrait impossible que l’on se croie avant de raconter, de peindre, de manifester d’une manière quelconque, en possession d’une certaine stabilité, d’une certaine lumière, de certaines lois à l’abri desquelles fleuriront le livre, le drame ou le tableau ? Ce qui fait l’obscurité de quelques-uns, c’est qu’ils remettent tout en question dès la première ligne. Ils se meuvent alors dans un monde artificiel et terriblement complexe, où les mots ont un sens imprévu, où les sonorités s’attirent et se repoussent, et tout se passe comme dans les rêves, quand aucune volonté ne guide plus des apparences d’actes, et que l’on flotte dans l’indéchiffrable.

Moi. — Par les noms d’Hokousaï et d’Albert Dürer, nous sommes arrivés à l’Imagination chez les dessinateurs et les peintres. Il y a ici deux sensibilités bien distinctes : celle à la ligne et celle à la couleur : Léonard et Rembrandt, par exemple.

Mon père. — Une première et importante re-