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L’HÉRÉDO.

disparition, telle qu’elle nous est léguée par la disparition de nos ascendants et par l’idée qu’eux-mêmes s’en sont faite. Cette idée est une face d’un système héréditaire qui tourne devant notre soi, nous représentant, suivant les ancêtres, les joies ou les peines de la vie, ou l’ambition, ou l’avarice, ou le recours à l’amour, à l’amitié, à la débauche, ou le sacrifice. Notre soi saisit et pèse chacun des aspects de cette sphère morale, dont l’irradiation fonctionnelle va plonger dans notre organisme, le réglant et le déréglant. Attractions et répulsions agissent à l’intérieur de ce système héréditaire, comme entre ce système et le soi, conformément à des lois d’équilibre que modifie sans cesse la liberté infinie du soi. Le pôle du moi nous conditionne, mais le pôle du soi nous émancipe. Le pôle du moi est négatif, le pôle du soi est positif.

Prenons, pour changer les conditions de l’expérience, un sentiment de violence et de haine. Il nous vient de divers ancêtres, à travers lesquels il s’est modifié, et il tourne dans notre moi, offrant à notre soi, pendant sa rotation, des segments de sphère, qui vont de la fureur homicide à l’indifférence, au pardon,