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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

front, et qui nous avaient montré, une fois de plus, l’effort surhumain de tous, officiers et poilus, pour venir à bout des Allemands, on ne pouvait être très indulgent pour un homme comme M. Malvy, ni comprendre, d’autre part, que d’anciens chefs de gouvernement le fussent.

L’attitude de Ribot était d’autant plus singulière qu’il était président du Conseil lors de la saisie du chèque Duval à Bellegarde. Quant à Viviani, il était maboul. Briand enfin n’aimait que la pourriture et cette histoire l’amusait. Il fallait le voir, dans la salle des témoins, avant l’appel, assis de traviole sur une table, la cigarette à la bouche et gouailleur ! On regrettait l’absence de Forain.

Pour parapher le synchronisme, alors que le 6 août Malvy (Jean-Louis), ministre de l’Intérieur, était condamné, pour forfaiture, à cinq ans de bannissement avec des attendus déshonorants, le décret élevant le général Foch au grade de maréchal était signé le 7 août.

Dans ses Mémoires de guerre Ludendorf a écrit : « Le 8 août 1918 fut le jour de deuil de l’armée allemande. Dans l’histoire de cette guerre je ne vécus pas d’heures plus pénibles… » À l’Action Française des correspondants sérieux nous transmirent, de Suisse, la nouvelle que trois des meilleures divisions prussiennes s’étaient rendues sans combat. La nouvelle parut si forte que nous hésitâmes à la publier dans le journal. Par la suite elle fut confirmée. Ludendorf en fut très déprimé, comme il le dit et, dès septembre, il était d’avis de faire la paix à tout prix. Par la suite, il se reprit un peu, mais le coup était porté. Les choses traînèrent encore, dans l’espoir d’un relèvement désormais impossible.