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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

Il serait fastidieux et vain d’exposer ici les divergences de vues de la conférence de la Paix. Le principal avantage obtenu par Clemenceau fut que les séances se tiendraient au Palais de Versailles, dans ces mêmes lieux qui, en 1870, avaient vu la fondation, sur notre défaite, de l’Empire allemand. On remarqua beaucoup, à sa première rencontre avec les plénipotentiaires allemands, et lors de la signature du traité, son air farouchement résolu, qui signifiait publiquement : « Cela n’ira pas tout seul. Il faudra veiller. » Il est étonnant que les alliés aient admis, aux paraphes d’un instrument diplomatique, politique, militaire, économique de cette importance, deux demi-inconnus tels que Müller et Bell. Le traité de Versailles eût dû être contre-signé par tous les grands chefs de l’armée allemande, puisque l’Empereur et son fils étaient déchus. Cela par la suite eût rendu aux Allemands les déchirures plus difficiles. Mais ni Clemenceau, ni Tardieu ne semblent avoir eu la connaissance du caractère allemand, que possédait au plus haut point Jacques Bainville. Consulté, l’auteur de l’Histoire de deux Peuples leur eût rendu les plus grands services. Enfin le dépècement de l’Autriche, l’Allemagne demeurant unifiée et prussifiée, fut une affreuse erreur, qu’expliquent seulement les préjugés anti-cléricaux et maçonniques de la démocratie. Aujourd’hui et depuis l’Anschluss, cette faute est manifeste et éclatante. La formation de Clemenceau avait été médicale et biologique. Elle n’avait pas été historique. À Rome, un Scipion, un César avaient eu la formation historique, dès la robe prétexte, dans la gens Cornelia et la gens Julia. Elle leur apprit à utiliser la victoire. :

On eût pu dire à Clemenceau comme à Annibal :