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LA SPHÉRICITÉ DES PERSONIMAGES.

répugnent à épiloguer sur leurs propres maux. Or, pour que l’auto-observation de guérison eût quelque valeur, il faudrait qu’elle fût l’œuvre, soit d’un grand psychologue, soit d’un savant médecin.

De même qu’il y a un rythme de la mémoire héréditaire et de la mémoire personnelle, il y a un rythme de l’omission, un rythme de l’oubli et de l’amnésie, et un rythme des réveils ou reviviscences. Ce rythme héréditaire est dans l’homme comme une inclusion transformée du rythme universel. Partagé en une infinité de courants qui n’ont pas la même longueur d’onde, il n’est pas toujours immédiatement saisissable. La nuit de certaines parties de l’esprit ou du corps humain ne succède pas à leur jour avec la régularité de la vie astrale. On peut cependant les comparer.

C’est ainsi que plus une science avance, plus ses sommets deviennent difficilement accessibles, même à une élite, plus elle est par conséquent fragile et sujette à l’oubli. Les hautes mathématiques en sont un exemple, ainsi que les conceptions les plus élevées de la chimie moderne. Alors que la physiologie et la bactériologie ont fait des pas de géant avec Claude Bernard et Pasteur, pendant la seconde moitié du XIXe siècle, la psychologie est demeurée rudimentaire, entre un idéologisme enfantin et un matérialisme absurde. L’examen macroscopique des organes par l’autopsie (partie si importante de la science médicale et qui a mené Bichat sur le plus haut promontoire) a cédé à l’examen microscopique