Page:Léon Daudet – Le Monde des images.djvu/71

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une frange du soi extrêmement ténue, qui préside aux fonctions normales et naturelles de l’existence. Il arrive qu’en cours de route la personimage dominante et dominatrice le cède à une autre personimage, qui prend une direction contraire, ou entre dans un ordre de mouvements et de préoccupations différent. La responsabilité peut être ici extrêmement atténuée. Elle n’est jamais complètement abolie, et la notion du licite et de l’illicite persiste à travers les figures intérieures, comme cela se remarque en lady Macbeth. Mais, s’il est vrai que l’arrivée d’une personimage, ou sa substitution à une autre, peuvent provoquer une sensation éphémère de vertige, le vertige n’est nullement à l’origine de ce trouble.

L’opiomanie, la cocaïnomanie et, en général, les intoxications chroniques favorisent l’envahissement de la conscience par les images et silhouettes héréditaires. Ainsi ces manies peuvent venir en aide à l’introspection. Je rappelle ici, pour mémoire, les travaux classiques de Zambaco, de Sollier, d’Erlenmeyer et de Jennings, concernant les poisons de l’intelligence et de la volonté. Il en est de même des habitudes vicieuses solitaires, de l’inversion et de la perversion sexuelles, pour le domaine de ce que j’appelle l’aliénation morale de ce qu’ont étudié les Kraft Ebing, les Nyström, les Havelock Ellis.