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STUPIDITÉ DE L’ESPRIT POLITIQUE.

qui aime bien son pays et que le salonnard écœure.

Au résumé, les doctrines de mort, révolutionnaires et libérales, ont opéré, au XIXe siècle, une sorte de chasse d’eau et de feu à travers les trois grands groupements de la nation française. Elles ont envahi la Cour par les philosophes, puis la haute magistrature et bourgeoisie, puis la moyenne et petite bourgeoisie, puis le monde ouvrier, produit isolé et perturbé du mouvement industriel sans cesse grandissant, produit, en somme, inassimilé. Elles se sont arrêtées au paysan, qu’elles ont à peine contaminé, qu’elles ont cherché à contaminer par la centralisation électorale et le parlementarisme, qu’elles risquent de contaminer par la presse. C’est de la presse française, au point de vue politique et social, qu’il nous reste à nous occuper maintenant, pour compléter un panorama, dont je ne me dissimule pas les trous et les vides. Mais, encore une fois, tout ceci démontre qu’un pays tel que le nôtre ne saurait se passer d’un père politique, consubstantiel à sa politique traditionnelle, héréditaire comme cette politique, toujours vigilant, toujours raisonnable et opposant, à chaque péril et piège nouveau, une digue appropriée.

Les libelles (qui étaient la presse d’antan) ont fomenté la Révolution. Mais déjà, sous la Révolution, le contrepoison a existé, et aux journaux de Camille Desmoulins et de Marat s’est opposé celui de Suleau, de Rivarol et de Chainpcenelz. En face du Vieux Cordelier et de l’Ami du peuple se sont dressés les Actes des Apôtres, Puis, après la tourmente a com-