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LE STUPIDE XIXe SIÈCLE.

mencé la longue querelle pour ou contre la censure, ou la liberté de la presse, qui nous apparaît comme bien folle et bien spécieuse aujourd’hui où, après quelques avatars pittoresques, la grande presse, dite d’information, est, comme la politique dite démocratique, humblement asservie à la finance. La censure de l’argent a, en somme, remplacé la censure d’État, infiniment moins vigilante et tyrannique. Nous pouvons en parler savamment, nous autres royalistes, qui avons fondé en 1908, au milieu de mille difficultés (et quelques-unes qu’on pouvait croire insurmontables) l’Action française quotidienne, afin de mettre précisément nos contemporains en garde contre la guerre qu’on sentait venir, et dont la grande presse officieuse d’information niait l’imminent péril. Le développement intensif de la presse dite populaire (presse à un sou) en France, de 1880 à 1914 pendant trente-quatre ans, coïncide ainsi avec la période du pire aveuglement quant à la Défense nationale. Le journalisme politique, devenu, aux mains des républicains, journalisme d’affaires, est uniquement employé à travestir la réalité en matière de relations extérieures, à amorcer des emprunts nouveaux, et à accréditer, dans le grand public, les vingt-deux blagues ou propositions fausses, énumérées au début du présent livre. La presse française devient ainsi, dans la seconde moitié du XIXe siècle, tout ensemble un moniteur de Bourse, et un complément de l’école primaire, à laquelle tend la main l’enseignement, dit supérieur et gangrené, de la Sorbonne.