Page:Léon Daudet - Les morticoles, Charpentier, 1894.djvu/72

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lait d’une façon étouffée et presque incompréhensible. Oh ! ce j’ai soif ! Il me tint éveillé toute la nuit, répété dans des tons divers et avec des modulations déchirantes. La soif ! le plus profond des besoins, dont on ne sent la vigueur que dans la blessure et la fièvre, mot de catastrophe, mot de soulagement, plein d’images de grands lacs purs, de torrents, d’écume acide, de saveur glaciale, dont on rêve et que l’on invoque ; la soif, rêche, irrésistible amoureuse de l’eau, cristal fluide, limpidité bienfaisante !